La femme canon

Ils vont de village en village, font exploser la poudre, et sous le regard ébahi des badauds font le show. Chaque jour, la femme canon vole au loin, et chaque soir son homme l’attend amoureusement dans leur caravane. Ils filent le parfait amour passionnel tout en formant un duo artistique hors pair. Mais un soir, la femme canon ne revient pas. Se pourrait-il que son départ soit une fuite, un ras-le-bol face à l’incompréhension de son compagnon quand elle lui demande : « Demain, tu mettras moins de poudre, d’accord ? ».

Initialement parue en 2016, cette bande dessinée d’Albertine sur un scénario de Germano Zullo revient sous un nouveau format et une nouvelle édition. Son propos n’a pas changé quant à lui. A travers les aventures et les errances de ce couple insolite composé d’un bonimenteur et d’une femme canon se dessine en filigrane le récit universel de l’amour passionnel et de son difficile renouvellement, voire de son impossibilité à lâcher de l’altitude. La femme canon est aussi ce récit de la disparition de l’être aimé, de la rupture, et de ces moments de vulnérabilité qui s’imposent à la personne quittée. Pourtant, parfois les choix ne s’expliquent pas, insatisfaits, les protagonistes cherchent « autre chose » à l’instar de Lily Margot, cette danseuse de burlesque qui console le bonimenteur en se rêvant femme canon elle aussi. Avec la finesse du trait que nous connaissons à Albertine, et l’art du récit circonscrit propre à Germano Zullo, cette bande dessinée nous avait ému au moment où nous avons reçu les planches. Huit ans plus tard, nous nous y sommes penchés à nouveau, et avons été à nouveau touchés par ce récit, reprenant à sa manière, bien que plus court, le fond de Belle du Seigneur d’Albert Cohen. Une magistrale et placide célébration de l’amour et des turbulences d’un couple !