Liquéfaction
Baptiste est dans son bain, méditatif et introspectif. Un fracas, « une détonation mugissante » et sa baignoire est emportée par le courant d’une crue. Face au fleuve qui sort de son lit, Baptiste s’engage pour une longue descente picaresque en amont pour retrouver sa femme et son fils. La pluie ne s’arrête pas et progressivement l’eau recouvre les terres. Avec un groupe de survivants, ils s’engagent dans la pleine mer sur un bateau de fortune, un sablier. Mais tentant de reconstruire la société d’avant, les mots, le langage et le désir s’étiolent. Pour ces derniers navigateurs de l’absurde, il n’y a que la perspective de l’inéluctable naufrage tant et tant de fois narrés dans les récits mythologiques qui les précèdent. Et une expérience de la narration
Liquéfaction est autant un récit de l’inondation générale, de la « société liquide », qu’une réflexion sur la narration. Alain Freudiger livre ici un récit musical et sonore, érudit, entre la farce et l’essai philosophique, éclectique sans jamais se perdre. Chaque partie correspond à une gradation, à une montée en intensité et à un flux narratif : le bain, le fleuve, la mer, le naufrage. A la suite du protagoniste, l’on s’y trempe, l’on est ballotté, l’on chevauche, l’on parcourt, l’on erre et puis l’on pâtit et l’on patiente. L’autofictif cède le pas à l’aventure, au comique et à l’érotisme, qui lui même mène à l’apocalyptique, au tragique, si ce n’est à l’initiatique.
Dans ce troisième roman publié d’Alain Freudiger, c’est l’histoire de la littérature qui se condense et accompagne le récit et la chute. Ces citations qui suivent le texte, tirés des classiques et des méconnus, citations sur l’eau, sur la nage, ou sur la fluidité, sont autant de bouées lancées au lecteur pour ne pas sombrer.
Mars 2019
264 pages
14.5 x 18.5 cm
ISBN : 978−2−940522−75−0
24 CHF / 20 €